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33 ESSAYS OF MONTAIGNE

femme de Faunus, qui ne se laissa voir oncques puis ses nopces & masle quelconque,' et la femme de Hieron, qui ne sentoit pas son mary punais, estimant que ce fut une com- mune qualité 4 tous hommes.” II faut qu’elles deviennent insensibles et invisibles pour nous satisfaire.

Or confessons que le neud du jugement de ce devoir gist principallement en la volonté.' I] y a eu des maris qui ont souffert cet accident, non seulement sans reproche et offence envers leurs femmes, mais avec singuliere obligation et re- commandation de leur vertu. Telle, qui aymoit mieux son honneur que sa vie, |’a prostitué a l’appetit forcené d'un mortel ennemy pour sauver la vie 4 son mary, et a faict pour luy ce qu’elle n’eust aucunement faict pour soy. Ce n’est pas icy le lieu d’estendre ces exemples: ils sont trop hauts et trop riches pour estre representez en ce lustre, gardons les a un plus noble siege. (¢) Mais, pour des exemples de lustre plus vulguere, est-il pas tous les jours des femmes qui, pour la seule utilité de leurs maris, se prestent, et par leur ex-

resse ordonance et entremise? Et antienement Phaulius FAnden offrit la siene au Roy Philippus par ambition; ‘ tout ainsi que par civilité ce Galba, qui avoit donné a souper 4 Mecenas, voiant que sa femme et luy commen- goint 4 comploter par ceuillades et signes, se laissa couler sur son coussin, represantant un homme aggravé de sommeil, pout faire espaule a leur intelligance; ce qu'il advoua d’assez nne grace; car, sur ce point, un valet aiant pris la hardiesse de porter la main sur les vases qui estoint sur la table, il lui cria: “Vois tu pas, coquin, que je ne dors que pour Mece- nas?’’® (é) Telle ales meurs desbordées, qui a la volonté plus reformée que n’a cet’ autre qui se conduit soubs une appa- rence reiglée. Comme nous en voyons qui se plaignent d’avoir esté vouées a chasteté avant l’aage de cognoissance, j’en ay veu aussi se plaindre veritablement d’avoir esté vouées a la desbauche avant l’aage de cognoissance; le vice des parens en peut estre cause, ou la force du besoing, qui est un rude conseillier, Aus Indes orientales, la chasteté y ¢stant

1 See Lactantius, De Divina Institutione, 1, 22.

® See Plutarch, How one can derive benefit from one’s enemies.

  • See St. Augustine, De Cio. Dei, I, 18.

4 See Plutarch, Of Love. § See [did.