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BOOK III, CHAPTER V 17
Elle represente je ne scay quel air plus amoureux que l’amour mesme. Venus n'est pas si belle toute nue, et vive, et haletante, comme elle est icy chez Virgile:
Dixerat, et niveis hinc atque hinc diva lacertis Cunctantem amplexu molli fovet. Ille repente Accepit solitam flammam, notusque medullas Intravit calor, et labefacta per ossa cucurrit. Non secus atque olim tonitru cum rupta corusco Ignea rima micans percurrit lumine nimbos.
. . « Ea verba loquutus, Optatos dedit amplexus, placidumque petivit Conjugis infusus gremio per membra soporem.!
Ce que j’y trouve a considerer, c’est qu’il la peinct un peu bien esmeue pour une Venus maritale. En ce sage marché, les appetits ne se trouvent pas si follastres; ils sont sombres et plus mousses. L'amour hsit qu’on se tienne par ailleurs que par luy, et se mesle l@chement aux accointances qui sont dressées et entretenues soubs autre titre, comme est le mariage: l’alliance, les moyens, y poisent par raison, autant ou plus que les graces et la beauté. On ne se marie pas pour soy, quoi qu’on die; on se marie autant ou plus pour sa posterité, pour sa famille. L’usage et interest du mariage touche nostre race bien loing par dela nous. Pourtant me plait cette fagon, qu’on le conduise plustost par mains tierces que par les propres, et par le sens d’autruy que par le sien. Tout cecy, combien a |l’opposite des conventions amoureuses! Aussi est ce une espece d’inceste d’aller em- ployer a ce parentage venerable et sacré les efforts et les ex- travagances de la licence amoureuse, comme il me semble avoir dict ailleurs.? I] faut, dict Aristote, toucher sa femme prudemment et severement, de peur qu’en la chatouillant trop lascivement le plaisir la face sortir hors des gons de raison. Ce qu'il dict pour la conscience, les medecins le disent pour la santé:* qu’un plaisir excessivement chaut, voluptueux et assidu altere la semence et empesche la con- ception; disent d’autrepart, qu’a une congression languis-
1 Virgil, Aneid, VIII, 387-392, 404.
? See Book I, chap. 30 (Vol. I, pp. 264 ff.).
- Cf. Plutarch, Of the opinion of philosophers (Diocles).