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16 ESSAYS OF MONTAIGNE

Tu, Dea, tu rerum naturam sola gubernas, Nec sine te quicquam dias in luminis oras Exoritur, neque fit letum nec amabile quicquam.’

Je ne scay qui a est mal mesler Pallas et les Muses avec Venus, et les refro idir envers l’Amour; mais je ne voy aucunes deitez qui s'aviennent mieux, ny qui s’entredoivent plus. Qui ostera aux muses les imaginations amoureuses, leur desrobera le plus bel entretien qu’elles ayent et la plus noble matiere de leur ouvrage; et qui fera perdre 4 l'amour la communication et service de la poesie, |’affoiblira de ses meilleures armes: par ainsin on charge le Dieu d’accoin- tance et de bien-vueillance, et les deesses protectrices d’hu- manité et de justice, du vice d’ingratitude et de mescon- noissance.

Je ne suis pas de si long temps cass€ de |estat et suitte de ce dieu que je n’aye la memoire informée de ses forces et valeurs;

agnosco veteris vestigia flamme.*

Il y a encore quelque demeurant d’emotion et chaleur apres la fiévre;

Nec mihi deficiat calor hic, hiemantibus annis.®

Tout asseché que je suis et appesanty, je sens encore quelques tiedes restes de cette ardeur passée:

Qual |’alto geo, per che Aquilone o Noto Cessi, che tutto prima il vualse et scosse, Non s’accheta ei pero: ma’l sono e’l moto, Ritien de l’onde anco agitate ¢ grosse.4

Mais de ce que je m’y entends, les forces et valeur de ce dieu se trouvent plus vives et plus animées en la peinture de la poesie qu’en leur propre essence,

Et versus digitos habet.’

1 Lucretius, I, 21. The first three words are adapted from line 6: Te, dea, te.

  • Virgil, Alneid, IV, 23.
  • Jean Second, Elegies, I, 3.29.
  • Tasso, Gierusalemma Liberata, X11, 63.
  • Juvenal, VI, 196.

Co gle